Le Silence d’un Nuage

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PRÉSENTATION DU PROJET
Les gerris sont des petits insectes qui se déplacent à la surface de l’eau grâce à la présence de poils hydrophobes sur leurs pattes, que l’on connaît sous le nom impropre d’araignées d’eau. Cette fonction disparaît complètement lorsque les eaux sont polluées, une goutte de détergent suffit à les faire couler, ce qui en fait d’excellents bioindicateurs de la qualité de l’eau.

Ce projet d’installation sonore in situ se compose de sculptures en fer, flottantes à la manière des insectes cités, fonctionnant au travers d’une plaque solaire qui active une petite pompe aquatique. Un impact vient interrompre le silence du lieu de manière régulière, frappant un objet résonnant pour nous inviter à son écoute.

Les gerris communiquent entre eux par la vibration de la surface de l’eau, produite et captée au moyen de leurs pattes arrière. L’installation produira une vibration par l’action d’un balancier qui vient frapper une demi-sphère flottante et résonnante à la surface de l’eau. L’installation est immobile et silencieuse lorsque vient la nuit ou que le soleil n’est pas au rendez-vous, l’ombre d’un arbre ou un simple nuage suffira à provoquer le silence, le temps de son passage.

Ce projet nous invite à écouter le dialogue entre les différentes sculptures parsemées à la surface de l’eau d’un lac ou d’un étang, une conversation entre ces insectes géants, entre l’eau et le soleil, mais aussi avec l’environnement dans lequel elles sont présentées. Au-delà de l’installation, c’est une invitation à l’écoute du monde qui nous entoure, allant du moindre détail tel que peuvent l’être ces petits insectes de 1,5cm aux enjeux climatiques plus importants auxquels est confronté notre monde contemporain. 

Tout premier prototype en bois, janvier 2024 (l’installation finale sera faite en fer)

LE SON
Le système de balancier utilisé rappelle ceux des shishi-odoshi, éléments traditionnels des jardins japonais. Il se compose d’un tube de bambou, fixé en son centre à un support, qui se remplit d’eau et bascule pour se vider lorsqu’il est suffisamment lourd, produisant un son. Au départ utilisé pour effrayer les possibles prédateurs, il est devenu un symbole de sagesse et de patience, marquant le temps qui passe de ces impacts réguliers.

J’ai pu me familiariser avec ce système lors de mon projet Les Voix de l’Eau (Aude, 2021), parcours sonore dans le village de Bizanet qui se terminait par l’installation sonore Grand Lavoir qui mettait en scène une douzaine de balanciers, activés par le flux de l’eau.

Dans le cas du présent projet, les balanciers viendront frapper ces objets sonores qu’il reste à inventer et définir durant les périodes de recherches et d’expérimentations des différents temps de résidence.

Grand Lavoir, détail de l’installation (Aude, 2021)

À L’ÉCOUTE
Ayant une formation d’ingénieur du son et une pratique d’artiste sonore, ce projet s’inscrit dans la lignée des projets sonores que j’ai pu réaliser ces dernières années dans l’espace public, tel que Rumeurs de la Mer (Biennale de Thaïlande, 2018), Pluies de Mai (Mexique, 2020), Portes d’Écoutes (Belgique, 2020) ou Cello Suites (USA, Arizona, 2023), entre autres. Un descriptif rapide de ces projets peut se trouver dans sur mon portfolio.

Rumeurs de la Mer (Biennale de Thaïlande, 2018)

Ce projet comme tant d’autres nous invite à une écoute qui dépasse le sonore, une écoute de l’autre et de l’inconnu, une écoute des détails les plus petits du bourdonnement d’une abeille (Essaim, 2021) au chant des grillons (Les Grillons du Rêve, 2019) et de manière plus générale de la relation que les habitants humains ou non-humains peuvent entretenir avec leur territoire.

Nuages durant les premiers tests (Janvier 2024)

LE SOLEIL
L’installation est autonome grâce à une petite plaque solaire, produisant 9 Watts sur 5 Volts. Celle-ci est reliée en direct à une pompe – sans avoir recours à l’usage de batterie – qui met en marche le balancier décrit précédemment. De manière instantanée, l’ombre d’un arbre ou le passage d’un nuage met l’installation en pause jusqu’au prochain rayon de soleil. Les tests ont été réalisés avec une pompe solaire de marque Aisitin, permettant de faire monter l’eau à 1 mètre (différence entre le niveau de l’eau et la hauteur de l’embouchure du tube du balancier). Selon l’ensoleillement des lieux de présentations et le modèle final d’installation, d’autres panneaux solaires et pompes seront testés et envisagés.

Panneau solaire, détail. Prototype nº1 (Janvier 2024)

L’EAU
Vitale à tous les niveaux, nous voyons l’émergence de plusieurs crises de l’eau. La sécheresse sévit dans beaucoup d’endroits de notre planète, provoquant des incendies en Amazonie ou en Occitanie, asséchant les sources et limitant l’accès à l’eau de grande partie de la population. Mon village dans l’Hérault a subi de multiples coupures d’eau potable cet été, impactant de manière concrète notre quotidien et celui des autres habitant-e-s de la région qui ne peuvent plus nier la crise climatique que l’on traverse.
Ce projet nous invite à la réflexion sur l’usage et la qualité des eaux qui nous entourent, au-delà de l’espace aquatique sur lequel il est installé, pouvant amener à une prise de conscience plus globale.

Détail du tuyau qui remplit le balancier

LES SCULPTURES
Les premiers prototypes ont permis d’effectuer quelques tests et entamer la réflexion autour du projet, dont ce dossier est une première étape. Ce ne sont cela-dit que les prémices de celui-ci, dont l’installation sera bien différente des premiers balbutiements présentés ici. 
Mon père, Andres Blume, travaille le fer, et au-delà d’avoir tout l’équipement pour réaliser les premiers essais, il sera un collaborateur du projet dans sa mise en œuvre. 
Dans la partie Mexicaine du projet, je collaborerais avec Ricardo Angeles, avec qui j’ai déjà pu réaliser le projet Mémoire de fer (Mexique, 2017) qui a été exposé plusieurs fois depuis (Allemagne, Espagne, Mexique) et fait partie de la collection permanente de la UAM Xochimilco depuis 2022. 

À la manière de plusieurs de mes projets passés, celui-ci est ouvert aux rencontres et collaborations à tout niveau. L’utilisation du fer vient en contrepoint à l’apparente légèreté des insectes, qui semblent flotter miraculeusement sur l’eau. 

Mémoire de fer, installation permanente (Mexique, 2017)

PROTOTYPES ET DÉVELOPPEMENT
Le tout premier prototype a été réalisé en bois afin de poser quelques bases (c’est celui que l’on peut voir sur ces premières images et sur la vidéo en haut de page).
Le prototype nº2 est en cours de réalisation, réalisée en fer cette fois, reprenant plusieurs des mêmes éléments.
Les flotteurs (des bidons de 10 Litres pour le moment) seront remplacés par d’autres systèmes de flottaison, se rapprochant de bouée de flottage utilisée pour la navigation ou d’un objet en métal à inventer permettant la flottaison.
L’élément résonant est  pour le moment une bassine de cuivre qui sera par la suite remplacée par un autre objet résonnant rappelant le gong, le tambour d’eau ou la cymbale.
L’élément percussif en bas de balancier est pour le moment un morceau de bois, à remplacer par la suite par du tissu emmaillotant l’extrémité à la manière d’une baguette de xylophone. 
Les reflets sur l’eau seront d’une grande importance. De la même manière que les insectes se reflètent, la sculpture de fer se reflètera, accentuant cette sensation de légèreté miraculeuse.

  • Tous premiers schémas de travail pour la réalisation du prototype (Janvier 2024)

Ce projet est en cours d’écriture et la page internet sera constamment mise à jour dans les semaines à venir.